
30 mai 2024
Scandinavie, chapitre 4 – La Finlande
Nous quittons la côte de la mer de Barents et son peuple et pénétrons les forêts profondes de Finlande.
Je faisais un tour sur d’anciennes photos et ça m’a plongée dans une profonde nostalgie. Ajoutez à ça le saxophone mélancolique de Blue Prince et on a une belle recette pour faire un point sur sa vie et écrire ce qui nous passe par la tête.
Je scrolle pensivement sur mes vieilles photos Instagram. Ça fait déjà pas mal de temps que je ne publie plus rien sur ce réseau. Je me suis dit qu’en arrêtant de rechercher l’attention des gens sur Internet, je guérirais mon besoin de reconnaissance. Eh bien, il faut croire qu’il est tenace, le bougre.
Il y a quelques temps, j’ai fait un petit début de burnout — notez le « petit » qui montre que je ne l’assume pas —, et bien que la faute revienne en grande partie à notre société capitaliste et écocide, je pense qu’il y avait aussi une petite part de « ils vont bien se rendre compte à un moment que je suis une fraude ? »
C’est assez terrible de réaliser que, malgré les années qui passent, malgré les épreuves surmontées, on en revient souvent au même point de départ : est-ce que je suis à la hauteur ? Parfois, j’ai l’impression d’avoir encore 15 ans et de me rendre malade parce que je ne suis pas la meilleure de la classe.
Mon cœur balance entre la résignation d’être comme ça pour toujours et l’espoir d’arrêter un jour d’avoir peur de décevoir la terre entière. Quand je vois les photos de la petite moi, si souriante et pourtant si mal dans sa peau, j’éprouve beaucoup de tendresse. Je sais que j’y arriverai, je sais que ce n’est pas grave si ça prend du temps.
J’ai fait tellement de choses dont je suis fière : j’ai gravi des montagnes, j’ai appelé la CAF au téléphone, j’ai décroché le boulot dont je rêvais, j’ai quitté mon ex toxique, j’ai voyagé dans de lointaines contrées, j’ai appris le crochet, j’ai dit aux gens que je n’allais pas bien et je me suis faite aider. Pourquoi je n’arrive pas à garder tout ça en tête ? Pourquoi on oublie si vite le chemin parcouru ? Pourquoi on se fout pas un peu la paix ?
Je suis en train de passer une étape, je crois. Je n’ai plus l’ambition d’être la meilleure, je ne veux plus briller plus que les autres, je ne veux plus être le centre de l’attention. Ce n’est plus la carotte du succès qui me fait avancer… Mais du coup, c’est quoi mon moteur maintenant ?
J’aspire à la tranquillité d’esprit. Je veux être sereine tous les jours. Je veux être Grand-mère Feuillage, mi-badass, mi-philosophe (et re mi-badass derrière). Et puis, ça doit être chouette d’être un arbre.
En attendant d’atteindre ma forme finale, je vais continuer à rigoler avec les potes et à refaire le monde une énième fois en regardant la Voie lactée.