Blog Devenir bilingue ?

 

Être bilingue, ça fait rêver.

On est nombreux à vouloir partir à l’étranger pour apprendre à parler parfaitement une autre langue, que ce soit l’anglais, l’espagnol, le japonais et j’en passe !
Je suis actuellement en Australie et ce depuis plusieurs mois, j’ai pas mal amélioré mon anglais mais … cela fait-il de moi quelqu’un de bilingue ?

 

L’idée que je me faisais du bilinguisme

On a tous des gens dans notre entourage qui sont revenus d’un échange ou d’un voyage de plusieurs mois aux Etats-Unis, en Angleterre ou en Espagne, et qui semblent aussi à l’aise dans leur nouvelle langue qu’en français. Ils parlent vite et bien, leur vocabulaire est étendu, ils arrivent à dialoguer sans problème avec des natifs … Et c’est très impressionnant – en tout cas moi je trouve ça assez foufou !

Du coup, j’en suis venue à penser au fil des années que devenir bilingue, ça se passe comme ça : tu dis ciao à la France pour un temps, tu vas à l’étranger et pouf ! Quand tu reviens, tu as switché dans une autre langue. Ton cerveau parvient à passer d’une langue à une autre sans effort et voilà, le processus est fini et tu es un bilingue accompli. Ta nouvelle langue n’a plus de secret pour toi !
De plus, tu as un accent presque parfait. Et oui, parce que quand on devient bilingue, on perd évidemment son accent français – en plus c’est trop la honte de parler comme un frenchie, tsé. Après tout, c’est juste une question d’imitation, non ? Il suffit de bien écouter, de s’immerger dans la culture … facile !

Sauf qu’en fait, non, ça se passe pas tellement comme ça.

 

Mon expérience

Je ne dis surtout pas que tous les gens qui voyagent vivent leur immersion dans une langue étrangère de la même façon; je partage avec vous mon impression et mon expérience personnelle !
Avant d’arriver en Australie, j’avais déjà un niveau correct en anglais : j’ai toujours été intéressée par les langues étrangères, pour moi c’est comme un jeu ! Je m’amuse avec la grammaire, je construis les phrases à la façon de puzzles et j’aime comprendre des mécaniques de langage complètement inconnues en français. Je pense aussi que pour parler une langue, on s’ouvre immanquablement à la culture qui y est rattachée et c’est ce qui fait la richesse de ce type d’apprentissage.

J’ai toujours beaucoup apprécié l’anglais : le rythme, les accents, les subtilités … Je regarde beaucoup de séries et films, principalement américains ou britanniques, en version originale sous titrées en anglais – ça paraît peut être chiant comme ça mais ça m’a permis d’améliorer considérablement mon vocabulaire ! J’étais très assidue en classe d’anglais au collège et lycée, puis j’ai fait deux ans de Langues Etrangères Appliquées donc de l’anglais, j’en ai bouffé !

Enfin breeeeeeeeef, tout ça pour dire que je partais avec une bonne base.

L’arrivée en Australie a été un gros choc, principalement à cause de l’accent. Les Australiens, pour la plupart, articulent très peu – on m’a raconté qu’autrefois, dans la campagne, les gens parlaient la bouche pratiquement fermée pour éviter de gober les mouches – ce qui complique vraiment la compréhension. Plus d’une fois, dans une conversation, je me suis contentée de rire et de hocher la tête en disant « Oh, yeah » parce que je ne pigeais tout simplement rien à ce que mon interlocuteur me racontait …
J’améliore mon oreille petit à petit, je me familiarise avec le vocabulaire australien qu’on ne nous apprend pas du tout à l’école (de toute manière on parle pas des masses de l’Australie en cours).

Les gens ici disent que j’ai un bon niveau en langue et au début, je répondais systématiquement :  « Non mais vraiment, j’ai un accent pourri et je conjugue jamais mes verbes comme il faut ! » Au cours de mes premières semaines passées ici, j’étais très frustrée. Je bégayais, je butais sur les mots, ma prononciation était approximative, j’utilisais toujours les même tournures de phrases, je faisais des fautes de grammaire … Je ne prenais pas le temps de former correctement mon discours, de peur de paraître … lente.
Puis, on m’a donné un bon conseil : prendre son temps. Quand on prend le temps de s’exprimer, on trouve les bons mots, on prend le temps de poser le fond de sa pensée. En français, je peux avoir un débit assez rapide. Là, j’avais besoin de ralentir le rythme. Au début, j’avais peur d’être ennuyante, de faire perdre du temps aux personnes en face de moi. Puis, j’ai pris plus d’assurance. Après tout, l’anglais n’est pas ma langue maternelle ! J’ai le droit de galérer !

Quand je suis arrivée, j’étais en contact avec ma famille qui parle français. Ici, dans la Ferguson Valley, je discute uniquement avec des gens qui parlent anglais. J’ai donc appris beaucoup de vocabulaire de tous les jours, des petites expressions passe-partout, etc. Je me sens beaucoup plus à l’aise dans une conversation, je peux faire du small talk sans trop de souci – en gros parler de la pluie et du beau temps quoi !

Mais du coup la question c’est : est-ce qu’aujourd’hui, je me sens bilingue ?

Et bah pas tellement.

 

C’est quoi vraiment, être bilingue ?

Au fur et à mesure de mon séjour, je me questionne beaucoup sur les langues vivantes. En fait, je m’interroge surtout sur le rapport qu’on entretient avec celles-ci.
J’ai l’impression que depuis toujours, je percevais l’apprentissage d’une langue comme quelque chose qui se finit, comme un accomplissement. Sauf que je pense que c’est pas pour rien qu’on qualifie une langue de vivante. Elle vit, elle évolue. Elle n’est pas figée.

Ce que je veux dire c’est que, quand on apprend une nouvelle langue, on emmagasine une quantité d’information qui se fixe dans notre esprit seulement pour un temps. Une langue se travaille, elle s’entretient. Je suis francophone et pourtant je fais des erreurs, je ne connais pas la grammaire par cœur, je me trompe. Je ne maîtrise pas le français, alors comment pourrais-je prétendre être bilingue anglais ?

Je pensais qu’en venant ici, je repartirais avec un anglais parfait et un accent impeccable. Sauf que non ! Mon anglais ne sera jamais parfait et je garderai toujours mon accent français quand je parle dans une autre langue et c’est très bien comme ça ! C’est ma façon de parler à moi. Bien entendu, je tente d’imiter au mieux les anglophones dans leur prononciation et leur façon de parler, mais je n’ai plus cette image en tête du bilinguisme comme un accomplissement final. Il n’y a pas de barrière tangible. On ne se réveille pas un matin en se disant ‘Ah bah top, je suis bilingue maintenant !’. On n’arrête jamais d’apprendre et ça, c’est beau.

 

J’ai aussi compris qu’il ne faut pas avoir honte d’être une frenchie. Ok, on entend que je viens de France, et alors ? J’ai l’impression qu’à l’école, personne n’ose vraiment prononcer correctement les mots de peur qu’on se moque. C’est comme si, tant qu’on est pas bilingue, on a pas le droit de tenter de parler du mieux qu’on peut. Je trouve ça dommage, ça crée chez nous la peur de s’exprimer dans une langue étrangère, la peur d’être jugé pour son incompétence ou plutôt son manque de compétence dans ladite langue. Et bien, je vous le dis mes amis : vous garderez toujours trace de votre accent ! Quelques personnes arrivent très bien à le masquer mais les natifs entendront toujours que vous venez d’ailleurs – et finalement, on s’en bat un peu les reins, non ?

Donc voilà, j’avais envie de vous parler de ça pour démystifier un peu cette espèce de frontière ultime que serait le bilinguisme !
Apprenez des langues étrangères, ça vous ouvre au monde et c’est sacrément marrant !

Allez, à plus.

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